la pénurie d'eau n'est pas une fatalité
Plus d’un tiers des terres du globe sont actuellement arides ou semi-arides et manquent d’eau. Des changements climatiques importants sont à craindre dans un contexte de réchauffement de la planète. Les doubles explosions dont nous sommes témoins, démographique et économique, entrainent à elles seules une augmentation de la consommation d’eau telle que, d’ici à 2050, 40% de la population mondiale souffrira de stress hydrique.
Le stress hydrique, dernière étape en quelque sorte avant la pénurie, est u réel obstacle au développement, avec des impacts réels sur la sécurité alimentaire, la pollution, les pertes économiques, sans parler des conflits potentiels pour garder la maîtrise de la ressource.
Les faits sont là et l’opinion publique s’empare du sujet. Mais dans ce domaine, la surenchère alarmiste ne mène à rien et la fatalité n’a pas sa place. L’eau, contrairement aux ressources carbonées comme le pétrole, ne disparait pas.
Le cycle de l’eau est immuable même s’il peut être menacé. La planète dans son ensemble ne manque pas d’eau douce. Les ressources, en revanche, sont inégalement réparties et leur accès est conditionné en majorité par la gestion qu’on lui apporte. Ce qui implique des choix politiques, environnementaux et technologiques.
Solutions technologiques.
Face aux problèmes de stress hydrique et au risque de pénurie, la gestion raisonnée est une des solutions.
Le savoir-faire dont nous disposons aujourd’hui permet de fournir des réponses technologiques pertinentes et soutenables, capables d’apporter une approche rationnelle et experte de la gestion de la ressource en eau. La réutilisation des eaux usées, le dessalement de l’eau de mer, la réalimentation artificielle des nappes phréatiques et bien sûr l’optimisation des réseaux de distribution par la mise en œuvre de systèmes de détection des fuites sont autant de solution à partir desquelles les différentes collectivités peuvent s’engager selon leurs besoins. Il s’agit donc de volonté d’action.
La réutilisation des eaux usées est une des options emblématiques de la gestion raisonnée de la ressource en eau. Actuellement, dans le monde, 165 milliards de mètres cubes d’eau usée sont collectées et traitées, et parmi elles seulement 2% sont réutilisées. Aujourd’hui, une fois traitée dans les stations d’épuration, l’eau est rejetée dans le milieu naturel, alors qu’elle pourrait être utilisée comme une ressource alternative. Mais le développement de technologies de pointe, notamment la mise en œuvre de procédés utilisant des membranes d’ultrafiltration, permet désormais de mettre à disposition une eau traitée dont la qualité rend possible la réutilisation à des fins agricoles et industrielles. Un tel procédé réduit d’autant les prélèvements directs dans la ressource, la réservant à la consommation humaine.
En France, une station comme celle de Grasse, est une première. Cette usine de traitement des eaux usées utilise une technologie d’ultrafiltration membranaire qui permet d’atteindre une telle qualité de rejet qu’en quelques mois la biodiversité a repris ses droits. La qualité de l’eau ainsi traitée permettra même à terme d’envisager une utilisation pour l’entretien des golfs et des espaces verts. C’est ce modèle qui a inspiré le gouvernement du Qatar pour deux usines du même type, actuellement en construction.
Autre solution pour parvenir à une gestion raisonnée de la ressource en eau : le dessalement, qui s’impose aujourd’hui comme une option pertinente. Il permet un accès illimité à la ressource en eau.
Dans le monde, 40% de la population vit à moins de 100 kilomètres
Un choix politique
Les pénuries d’eau ne sont pas une fatalité. Le dessalement, la réutilisation des eaux usées, les mesures de préservation des réseaux, les techniques de réalimentation de nappes phréatiques sont des solutions sur mesure qui, adaptées aux contextes locaux, permettent une maitrise raisonnée de nos cycles de l’eau tout en préservant les milieux naturels. C’est le progrès technique qui peut vaincre les pénuries d’eau, mais c’est évidemment aux pays et aux régions de se saisir de cette offre technologique en fonction de leurs besoins, au travers de partenariats aboutis. C’est ainsi que l’ensemble des parties prenantes parviendra à répondre efficacement aux défis de la gestion de l’eau.
La Tribune
mercredi 4 avril 2007
Jean-Louis Chaussade,
DG de Suez Environnement